Un pont trop loin, l’expression popularisée par l’ouvrage éponyme de Cornélius Ryan, paru en 1974, est passée dans l’histoire pour caractériser l’échec de l’opération Market Garden et, au-delà, des tentatives alliées d’arriver au Rhin en Septembre 1944. L’expression, qui se réfère à un doute qu’aurait exprimé Montgomery à Browning, commandant le corps aéroporté britannique: «I think we may be going a bridge too far »[1], traduit cependant mal la réalité des décisions du commandement allié, qui nous apparaissent aujourd’hui comme des erreurs. Plus fondamentale a été l’incapacité à reconnaître la priorité que constituait le dégagement du port d’Anvers, seule solution réaliste au préalable logistique à toute offensive sérieuse sur le Rhin. La faute de Montgomery, –The Great Mistake, comme l’écrira Peter Beale[2]– n’est pas ainsi d’avoir visé un pont trop loin mais un port trop tard: tel est du moins l’histoire de nous proposons de revisiter.
La querelle stratégique
La stratégie alliée est marquée par l’opposition bien connue entre front large et avance ciblée, doublée d’une autre rivalité sur la priorité à apporter à l’offensive par le nord, vers la Ruhr, ou vers le Rhin moyen par Metz et la Moselle. Le 18 août, Montgomery, qui exerçait encore le commandement des armées terrestres alliées, avait décidé que les 12e et 21e groupes d’armés devaient rester groupés en une offensive de quarante divisions remontant vers la Belgique pour nettoyer la côte des rampes de lancement de V1, s’emparer d’Anvers et marcher vers le Rhin[3]. Avant qu’il n’en ait parlé à Eisenhower, il apprenait de Bradley que le commandant suprême allié prévoyait d’envoyer la moitié de ses forces vers l’est, pour une offensive vers Metz et Nancy. Il devait s’ensuivre une semaine de discussions, avec l’adoption d’un compromis boiteux que Bradley et Montgomery devaient s’empresser de ne pas respecter.
Si les propositions anglaises et américaines différaient sur l’axe à privilégier, elles avaient en commun de prévoir une direction d’attaque principale.
Eisenhower, en position d’arbitre entre les généraux alliés, choisit un compromis, en accordant à Montgomery que l’axe principal de l’offensive serait au nord, et à Bradley et Patton qu’une offensive complémentaire serait menée vers Metz et la Moselle. Ce compromis raisonnable ne devait cependant pas être appliqué, Montgomery s’orientant vers le nord, vers Wesel et Arnhem, et Bradley affaiblissant la contribution américaine à l’offensive dirigée vers Aix-La-Chapelle.
Lors d’une réunion à Chartres le 2 septembre, Bradley, Patton et Hodges obtiennent d’Eisenhower un affaiblissement de la contribution américaine à l’axe principal d’effort allié. Patton retrouve la parité de ravitaillement avec la 1ère Armée et Hodges redirige son Ve Corps vers les Ardennes, pour renforcer le flanc de l’offensive de Patton[4]. Il en résulte une dispersion de l’effort allié, qui se trouvera partout insuffisant pour exploiter la faiblesse temporaire du dispositif allemand dans la première quinzaine de septembre.
Il est vrai que le rythme de progression depuis la Seine semble un moment occulter les conséquences de ces décisions.
Dans l’esprit du compromis souhaité par Eisenhower, les instructions de Bradley le 25 août envoyaient la 1ère Armée de Hodges, à partir de la ligne Mantes-Melun, vers Péronne-Laon, puis Mons-Sedan, puis par Liège, Arlon, Luxembourg, atteindre et traverser le Rhin entre Cologne et Coblence[5].
Le 26 août, la directive M52 de Montgomery prend un ton résolument offensif, au point qu’on pourrait la croire de la plume de Patton : « La bonne tactique maintenant est de faire contourner par de puissantes colonnes blindées mobiles tous les centres de résistance de l’ennemi et d’avancer hardiment, pour créer l’inquiétude et le découragement dans ses zones arrières. Des colonnes d’infanterie qui arriveront ensuite s’occuperont de l’ennemi contourné. Je compte sur les chefs et les officiers, à tous les niveaux, pour ‘’charger’’ sans relâche, avec la plus grande énergie ; toute tendance à coller sur place ou être trop prudent doit être réprimée impitoyablement»[6]. Le 4 septembre, son courrier à Eisenhower exprime le même optimisme: « Nous avons atteint un point où une poussée concentrée et puissante sur Berlin peut réussir et mettre un terme à la guerre avec l’Allemagne ».
Dans ces jours de début septembre, dans l’illusion que l’Allemagne était d’ores et déjà vaincue, « trois terribles erreurs allaient être commises. Elles commencent toutes par la lettre A: Anvers, Arnhem et Ardennes », écrira Alistair Horne, biographe de Montgomery[7].
A partir du 25août, la libération de Paris et la traversée de la Seine avaient ouvert une nouvelle étape dans la poursuite des armées allemandes vaincues en Normandie. Cette fois-ci, le record de progression revenait au XXXe Corps de Horrocks, dont la Division blindée de la Garde libérait Bruxelles le 3 et la 11e DB Anvers le 4. Rattachée au XIIe Corps, la 7e DB s’emparait de Gand le 5[8].
Anvers, succès inexploité
Le 4 septembre a été le jour le plus critique pour les Allemands[9]. Alors que Model ordonne, trop tard, à la 719e ID de tenir Anvers, les unités de tête de la 11e DB britannique entrent dans la ville ce jour même. De plus, « point crucial, la résistance est parvenue à sécuriser les installations portuaires afin d’éviter une destruction de dernière minute susceptible d’avoir été planifiée par l’occupant »[10]. Paradoxalement, Horrocks, commandant le XXXe Corps d’armée britannique pourra écrire que ce jour où il a libéré Anvers est aussi le jour où les Alliés ont perdu la bataille d’Arnhem[11].
En effet, « contrairement aux Alliés, le Haut-commandement de la Wehrmacht réalise l’importance de la perte d’Anvers, totalement inattendue»[12]. Il réagit avec efficacité. D’une part, il s’agit de sauver la 15eArmée, menacée d’encerclement. « Les maréchaux sont sceptiques. Woensdrecht [porte de sortie de l’isthme de Beveland Sud] n’est qu’à quelques kilomètres au nord d’Anvers, à portée des canons anglais. Comment tenir deux semaines pour laisser le temps d’évacuer 100 000 soldats ? Ne serait-il pas plus réaliste d’ordonner au général von Zangen de tenter sa chance plein est, à travers les lignes anglaises, à l’identique de ce qui a été fait à Mons ? »[13]. Hitler, avec raison, ordonne de tenter la sortie par Walcheren et l’isthme de Woensdrecht.
Au-delà, c’est toute la défense de la région s’étendant entre le Canal Albert et la Meuse qui doit être reconstruite : Hitler confie cette tâche à Student, à la tête d’une armée parachutiste, constituée à partir d’improvisations mais qui va gagner rapidement en solidité, pour le malheur des parachutistes alliés à Arnhem.
C’est pourtant ce jour que la chance tourne. En effet, la prise d’Anvers n’est pas exploitée. « Alors qu’ils viennent de parcourir 900 [sic] kilomètres en une semaine, les Anglais tergiversent. Et pour cause, ils ne sont que quelques milliers alors que la ville est immense. Elle compte 275 000 habitants, la zone portuaire est un dédale et les Anglais ne possèdent que des cartes au 1/250 000 où la ville est de la taille d’un timbre-poste. De surcroit, l’enthousiasme de la foule freine la progression »[14]. Commandant la 11e DB, le général Roberts reconnaitra que, « s’il avait été informé, il aurait passé le Canal Albert avec ses chars vers l’est d’Anvers et fermé la route allemande vers Beveland et Walcheren. A ce moment, l’essence nous parvenait régulièrement par camions et nous économisions de l’espace en utilisant peu de munitions. J’avais assez d’essence pour poursuivre ma progression »[15]. Selon Horrocks et Roberts, il n’y avait aucune nécessité de marquer une pause, les chars disposaient d’assez de carburant pour 100 miles. « On a donné aux troupes une occasion de se reposer [en fêtant la libération de la ville avec les Belges et force bière] et elles l’ont saisie »[16]. Reconnaissant l’erreur qu’il a commise en ne poursuivant pas, Roberts devait l’attribuer à un manque complet d’informations et de directives sur les enjeux en cause, tant de s’assurer des passages sur le Canal Albert que de contrôler l’accès à l’isthme de Beveland[17].
« La défaillance à avoir progressé au dela d’Anvers, ce que nous avons appelé ‘’the Great Mistake’’ a eu de nombreuses conséquences, toutes négatives »[18] :
-en ne bloquant pas l’isthme, permettre à la 15e Armée de s’échapper, pour renforcer les défenses sur le Rhin ; soient les 59e, 245e, 346e, 711e et 712e divisions.
-si l’avance sur Woensdrecht avait été renforcée par le XIIe ou par le XXXe Corps, alors une ou deux divisions, soutenues par une brigade blindée, auraient pu se tourner vers l’ouest par la péninsule de Beveland. Elles auraient pu atteindre rapidement le canal maritime, établir une tête de pont, et progresser vers les rives ouest de sud-Beveland. La capture de Walcheren serait restée une bataille difficile, mais les pertes auraient certainement été bien moins élevées qu’elles n’ont été.
En plus de ces pertes, les retards pris à border la rive sud et à fermer l’isthme à Woensdrecht ont permis aux Allemands de renforcer considérablement les défenses de Beveland et de Walcheren.
Les retards pris à débloquer Anvers ont obligé à reporter à l’automne, dans des conditions météorologiques défavorables, les opérations engagées pour atteindre le Rhin : « Si l’isthme de Woensdrecht avait été bloqué et que les Canadiens avaient rapidement atteint l’Escaut, le 21e groupe d’armées aurait pu arriver au Rhin en octobre »[19].
Lorsque la 15e Armée allemande achève la traversée de l’Escaut, ne laissant sur la rive sud qu’une division chargée de défendre la tête de pont de Breskens, ce ne sont pas moins de 86 000hommes, 600 pièces d’artillerie, 6000véhicules et autant de chevaux qui ont été soustraits à une possible capture par les Alliés[20].
Une armée aérienne, pour quoi faire ?
Le choix d’une armée interalliée intégrée -la 1rst Airborne Allied Army– devait s’avérer une décision malheureuse. Loin de constituer une structure de coordination efficace, cette armée devait exacerber les dissensions entre des conceptions et des intérêts divergents non seulement entre Anglais et Américains, mais aussi entre aviateurs et fantassins. Son chef, le général Brereton, et ses principaux adjoints venus de l’Air Force considéraient les opérations aéroportées comme une affaire d’aviateurs, laissant au second plan la conduite tactique des opérations au sol[21]. En revanche, ils n’étaient pas toujours consultés en amont, lors de la conception initiale des opérations.
Conséquence de ces dissensions, « la Première Armée aéroportée alliée a étudié 16 plans distincts d’opération aéroportée, dont cinq ont atteint le stade de programmation détaillée », mais deux seulement ont été exécutées avec des succès contrastés, Market et Varsity[22] .
Après la percée d’Avranches, les projets se succèdent rapidement. Le premier projet important, Transfigure, révèle les difficultés de coordination et de programmation dans une situation très mouvante. Transfigure visait à déposer trois divisions parachutistes et une division transportée par avion dans la région de Chartres-Rambouillet et Saint-Arnoult, pour gêner la retraite allemande vers l’est et ouvrir la voie à la poussée américaine vers la Seine, en amont de Paris. La préparation de Transfigure immobilise sur leur terrain, du 14 au 18 août, les parachutistes, les planeurs et leurs pilotes, mais surtout les centaines de Dakota et autres avions de transport soustraits ainsi aux missions de ravitaillement des armées confrontées à des difficultés logistiques croissantes[23]. Son annulation aurait favorisé la retraite des 48e et 338e ID[24].
Après l’abandon de Transfigure, la pression de Marshal et Arnold, relayée par Tedder, conduit à Boxer, opération esquissée dès le 19 août. Il s’agissait de s’emparer de la ville de Boulogne et de son voisinage. Bientôt pourtant, Brereton déplace l’objectif vers Doullens, redéploiement qui demeure insuffisant au regard de l’avance alliée, ce qui conduit à élaborer un nouveau projet, baptisé Linnett.
« Les objectifs de l’Opération Linnett étaient de s’assurer une base solide dans la région de Tournai, d’acquérir une tête de pont sur l’Escaut et de contrôler les principales routes entre Tournai, Lille et Courtrai, coupant ainsi la retraite allemande »[25]. L’opération doit être annulée le 2 septembre lorsque Bradley fait effectuer à la 1ère Armée un crochet pour encercler la poche de Mons, empiétant sur la zone dévolue à la 2e Armée britannique dans le secteur[26].
L’opération Linnett II lui succède. Il s’agit cette fois d’une initiative de Brereton, pour aider la progression de la 1ère Armée US sur la Meuse entre Liège et Maastricht. Brereton, qui ne se résigne pas à l’ordre d’Eisenhower mettant la 1ère Armée aéroportée alliée à la disposition de Montgomery[27], prétend préparer l’opération en 35 heures. Non seulement le délai est trop court, mais surtout les bénéficiaires présumés, Bradley et Hodges, ne sont absolument pas demandeurs de cette opération.
A l’inverse, Comet est préparée selon les principes britanniques. Montgomery en lance le projet le 3, sans en informer Bradley avec lequel il vient de décider de l’annulation de Linnett. « réclame opération aéroportée d’une division britannique et des Polonais le soir du 6 septembre ou le matin du 7 pour sécuriser les ponts sur le Rhin entre Wesel et Arnhem »[28]. Véritable précurseur de l’opération Market, Comet exprime bien le moment d’euphorie où Montgomery pensait pouvoir s’emparer de tous les ponts jusqu’à Arnhem avec seulement deux divisions parachutistes et ainsi, prenant le premier pied au-delà du Rhin, imposer à Eisenhower de lui accorder l’essentiel des moyens pour la poursuite de l’offensive[29]. Avant de s’effondrer du fait de son irréalisme, Comet avait fait l’objet dans sa conception des critiques des généraux commandant les 82e et 101e DP américaines[30].
C’est à ce moment que se trouve écarté, peut-être à tort, une opération d’un intérêt stratégique évident, l’Opération Infatuate. « L’objectif premier de l’opération Infatuate était de déposer des troupes aéroportées sur l’ile de Walcheren pour aider au déblocage du port d’Anvers en coupant et en précipitant la retraite allemande de l’estuaire de L’Escaut. Contrairement à Linnett II, le 21e groupe d’armées était demandeur de cette opération. Le 8 septembre, de Guingand écrivait à Montgomery : « le plus je considère l’utilisation de divisions aéroportées américaines pour nous emparer de Walcheren, le plus j’aime cette idée»[31]. C’était sans compter avec l’opposition de Brereton, au motif que « la petite surface de l’ile entrainerait des pertes excessives en raison de nombreuses noyades », et que le terrain ne se prête pas à l’atterrissage de planeurs et que Walcheren est protégée par une Flak importante[32], et que, en conséquence, ce projet constituait ‘’un emploi inapproprié des forces aéroportées’’[33]. Sans doute, l’idée que Monty voulait utiliser les divisions américaines pour une mission perçue comme secondaire, en réservant le grand projet stratégique –l’opération Comet– au corps aéroporté britannique ne devait guère séduire Brereton[34]. En tout état de cause, une opération aéroportée sur Walcheren qui n’aurait pas été accompagnée d’une offensive terrestre par Beveland Sud n’aurait pu conduire qu’à une catastrophe. Par suite, l’état-major de Brereton, absorbé par la préparation précipitée de l’opération Market laisse ce plan en sommeil jusqu’à son abandon par le SHAEF le 21 septembre[35].
C’est à cause de cette opposition, pourra écrire Beale, que « le 21e Groupe d’armées a dû développer un plan d’urgence qui faisait appel à l’armée canadienne pour s’emparer de Walcheren »[36]. Entretemps, l’opération Infatuate avait en effet été évincée au profit de Market, qui mobilisait aussi les divisions américaines.
Développement direct de Comet, dont elle reprenait les objectifs avec des moyens très supérieurs, la double opération Market Garden traduisait bien la fascination qu’exerçait sur Montgomery la perspective d’établir une tête de pont sur le Rhin, qui plus est à Arnhem, plutôt qu’à Wesel comme lui conseillait son entourage, mais qu’il aurait dû partager avec les Américains.
Il ne s’agit pas ici d’ouvrir le catalogue des erreurs qui ont conduit à cette lourde défaite. « De nombreux historiens se sont contentés d’envisager ce désastre britannique sous l’angle du ‘’si seulement’’. A force de spéculer sur les multiples défauts de l’opération Market Garden, ils en ont presque négligé l’élément central : il s’agissait d’un mauvais plan. D’un très mauvais plan de A à Z »[37]. Surtout, l’opération avait été conçue sans concertation entre les différents responsables de son exécution, l’état-major de la 1ère Armée aérienne comme des forces de soutien étant mis devant le fait accompli[38]. Plus que ses faiblesses tactiques souvent relevées, Market Garden souffrait d’une conception défaillante sur le plan stratégique, envisageant une percée trop profonde, à partir d’une base trop étroite, pour un but illusoire, une tête de pont au-delà du Rhin que les Alliés étaient hors d’état d’exploiter et dont la défense aurait mobilisé tous leurs efforts, hypothéquant leurs autres possibilités d’opération.
Les Bouches de l’Escaut, une campagne longue et coûteuse
Le dispositif de défense des Bouches de l’Escaut, mis en place par von Zangen, commandant la 15e Armée, à partir du 5 septembre, est pour l’essentiel réalisé le 17. La poche de Breskens, au sud de l’estuaire, est défendue par la 64e ID, Walcheren reçoit la 70e ID en sus de la garnison de ses points forts, et la 245e défend Beveland Sud[39].
L’opération de dégagement, menée par l’armée canadienne, comportera trois phases :
-le nettoyage de la poche de Breskens, sur la rive sud de l’Escaut;
-l’occupation de Beveland Sud;
-la conquête de Walcheren.
Le 11 octobre, l’infanterie canadienne coupe le passage de l’isthme ; le 13, elle ne parvient pas à s’emparer de la ville de Woendrecht , défendue par les parachutistes du colonel von de Heydte. Après 5 jours de combats difficiles, les Canadiens commencent leur progression sur l’isthme[40], avant d’être confrontés à la difficulté de franchissement du canal maritime, large de 55 à 100 mètres, qui coupe l’isthme du nord au sud. Finalement, on choisit de le contourner en débarquant 20 km à l’ouest, au sud de la presqu’ile, conquise du 26 au 29.
Restait le gros morceau de Walcheren, une pièce majeure complétant le Mur de l’Atlantique, héritant des défenses hollandaises de l’estuaire, avec une garnison évaluée à 7000hommes, en fait bien supérieure. L’ile comportait deux zones principales de batteries, à l’ouest vers le large, au sud-ouest, fermant les Bouches de l’Escaut face à Breskens. Des cordons de dunes et des polders inondables avaient conduit Brereton à considérer Walcheren comme un terrain impropre à une attaque aéroportée.
« On décide finalement de ‘’couler’’ Walcheren en ouvrant des brèches dans les digues avec 9000tonnes de bombes larguées par la RAF en 3 fois, les 3, 7 et 11 octobre. Le succès obtenu le 3 par un raid de 247 Lancaster et Mosquito est tel que le Wing Commander arrivant à la tête du Squadron 617, renonce à lancer ses bombes spéciales Tallboy , trouvant inutile de gaspiller ces bombes rares et coûteuses sur un objectif déjà détruit[41]. Bien que les positions allemandes aient été épargnées, l’inondation les isolait tandis que les Alliés pouvaient faire usage de leurs véhicules amphibies[42].
L’assaut convergent, lancé le 1er Novembre, combine deux débarquements, près de Flessingue à partir de Breskens, près de Westkapelle à partir d’Ostende, avec une offensive terrestre le long de la chaussée de Beveland Sud.
La chaussée constituait une voie sans protection de 12 mètres de large sur 370 de long. Après deux assauts infructueux, le commandant de la 52e division décide de contourner l’obstacle par un passage marécageux ce qui permet finalement d’accéder à l’intérieur et de contraindre le commandement allemand à capituler le 6, après 5 jours de résistance acharnée.
Entre-temps, la poche de Breskens avait été nettoyée le 3 octobre, après trois semaines de durs combats[43]. Du 1er octobre au 8 novembre, les pertes de la 1ère Armée canadienne pour dégager les Bouches de l’Escaut ont été de 703 officiers et 12170 sous-officiers et hommes de troupe tués, blessés ou disparus, dont moitié de Canadiens[44].
Anvers, la priorité méconnue
Pour l’essentiel, l’erreur commise par le commandement allié est d’avoir méconnu la priorité que constituait l’ouverture du port d’Anvers aux convois de ravitaillement. On devait estimer que ce port permettait de décharger le ravitaillement nécessaire à 54 divisions[45].
Avec la guerre de mouvement qui suit la percée d’Avranches, la contrainte logistique pèse rapidement sur la capacité des Alliés à exploiter les opportunités stratégiques qui s’ouvrent à eux. Conformément aux plans d’Overlord, les ports apparaissent comme la première ressource envisagée pour compléter les installations de Cherbourg et des plages normandes. L’échec des tentatives de libération rapide de Brest et de la Baie de Quiberon écarte pour longtemps cette perspective. Dans le même temps, il apparait que la contrainte perçue se déplace. Plus que la capacité de déchargement des ports, la capacité d’acheminement à des distances croissant rapidement devient le principal facteur limitatif[46]. Dans ces conditions, l’intérêt de Brest diminue rapidement, ce qui n’empêchera pas Bradley d’immobiliser un corps d’armée à une conquête coûteuse pour un enjeu devenu largement symbolique.
Défendue par 30 000 soldats, bien pris en main par le général Rancke, commandant la 2e Division de parachutistes, Brest ne sera conquise que le 18 septembre[47], deux semaines après Anvers ! De plus, le port sera alors inutilisable en raison de la destruction systématique de ses infrastructures.
De son côté, Montgomery prescrit à la 1ère Armée canadienne un ordre dans la libération des ports qui ne tient pas compte de l’évolution de la situation. Il tarde à réaliser combien la perspective de s’emparer d’Anvers relègue au second plan l’intérêt des ports de la Manche. Pourtant, sa responsabilité dans l’erreur alliée est partagée par Eisenhower.
Pour sa défense en effet, « Monty déclarera qu’il n’avait pas de directive claire d’Eisenhower ni de Brooke pour se saisir d’Anvers et de ses accès»[48]. C’est là jouer sur les mots. Les recommandations d’Eisenhower n’avaient pas manqué, mais toujours sur un ton trop vague, manquant de précision comme de fermeté[49]. Surtout, il accepte la priorité donnée par Montgomery à l’offensive sur Arnhem, avant le dégagement d’Anvers. Pour Ambrose, ce fut une erreur d’Eisenhower, « la pire de la guerre »[50].
Eisenhower, s’il écrit à Montgomery le 5septembre que la disposition d’Anvers « est essentielle pour alimenter une poussée puissante à l’intérieur de l’Allemagne », accepte cependant le 11 de différer l’opération de déblocage d’Anvers « en attendant les résultats de Market-Garden »[51] . Sa position reste ambiguë : sa directive du 13 stipule que « l’objectif du 21e groupe d’armées est de s’emparer de la Ruhr et, dans le même temps, de s’assurer d’Anvers ou de Rotterdam comme port et comme base avancée »[52]. C’est seulement le 22 septembre qu’Eisenhower énonce clairement que le dégagement d’Anvers doit être réalisé d’urgence. A ce moment, de Guingand, chef d’état-major de Montgomery, indique qu’il faut au moins quinze jours pour débuter l’attaque de Walcheren et l’amiral Ramsay estime que le déminage des accès à Anvers prendra de une à trois semaines.
De son côté, « Montgomery croit que s’il traverse le Rhin, alors on pourra s’occuper d’Anvers…plus tard »[53]. Il reprend certes le projet de nettoyage des Bouches de l’Escaut, mais en en faisant la priorité de la seule armée canadienne, encore engagée devant Le Havre, qui tombera le 12, Boulogne (jusqu’au 22), Calais (le 28) et Dunkerque, qui ne sera pas attaquée avant l’armistice.
Le 9 septembre, Dempsey rapporte que, selon les ordres de Montgomery, «l’Armée canadienne doit nettoyer Le Havre, Boulogne, Calais et Dunkerque aussi rapidement que possible, et nettoyer la région nord de Gand comme seconde priorité. Je lui transmettrai immédiatement la responsabilité du secteur de Gand »[54]. Entretenant l’ambiguïté, le 14 septembre, Montgomery écrit, « toute l’énergie de l’Armée canadienne doit être consacrée à ouvrir le port d’Anvers (bien que la capture de Boulogne et Calais soit prioritaire) »[55].
Le 22 septembre, Eisenhower redit à Montgomery « pour la première fois sans équivoque, qu’il insistait sur l’importance d’Anvers. Il ouvrit une conférence du commandement allié en demandant à tout le monde d’admettre que la possession d’Anvers était une condition indispensable à la pénétration finale à l’intérieur de l’Allemagne ». Montgomery ‘botte en touche’, laissant le déblocage à la seule charge des Canadiens[56], dont l’armée doit par ailleurs sécuriser le flanc gauche de la 2e Armée britannique, étirée en direction d’Arnhem. Montgomery en surestimait largement les capacités et ses ordres étaient sur ce point totalement irréalistes.
Le 9 octobre encore, il rappelle à Simonds l’urgence de prendre Walcheren, mais sans lui proposer de moyens supplémentaires. Il lui faudra se rendre à la raison et finalement se résoudre à engager plusieurs divisions anglaises pour la conquête de Walcheren, après deux semaines perdues et des pertes qui auraient pu être évitées aux Canadiens. C’est aussi ce jour qu’Eisenhower, alerté par un rapport de la Royal Navy, emploie un ton plus ferme pour rappeler Montgomery au respect des priorités alliées comme, le 14 octobre, pour lui enjoindre d’engager en soutien des Canadiens « toute la puissance offensive disponible de la 2e Armée »[57].
Pour Ambrose, l’erreur d’Eisenhower est d’avoir cédé à Montgomery: « Le facteur qui pesa le plus dans sa décision en faveur de Market-Garden et au détriment d’Anvers fut son désir d’apaiser Montgomery. Son goût de la conciliation coûta cher » [58]. Il ressort de cet examen des faits que, si la nécessité de débloquer les accès à Anvers tarde à être reconnue, on ne la voit jamais évoquée avant la libération de la ville, le 4 septembre, au moment où auraient dû être prises les dispositions nécessaires pour mener cette opération.
Seul, semble-t-il, Simonds aurait proposé à Crerar, qu’il devait prochainement remplacer à la tête de l’Armée canadienne, d’envoyer d’urgence son 1er Corps sur Breskens, en ignorant les ports de la Manche. Crerar n’a pas transmis cette proposition à Montgomery, avec lequel il était en mauvais termes et dont il savait l’attention tournée vers le Rhin, plutôt que vers Anvers[59].
Et si …
« Pour préciser le gain de temps possible à la réouverture d’Anvers, il est ici nécessaire d’explorer le chemin d’une histoire alternative»[60]: nous suivrons ici cette voie proposée par Nicolas Aubin. Le premier scénario contrefactuel qui s’impose au vu des données historiques dont nous disposons consiste, pour la 11e DB, à s’assurer immédiatement après la zone portuaire, des quartiers nord avec les ponts sur le canal Albert. De là, au dire même de son commandant, le général Roberts, elle ne manquait ni d’essence ni de munitions pour pousser jusqu’à Woensdrecht, à 30 kilomètres. Il lui aurait été difficile de faire plus sans un rapide renfort d’infanterie, permettant de s’engager sur l’isthme, au moins jusqu’au canal de Beveland, qui coupe la presqu’ile du Nord au sud, avant la ville de Kapelle. Toutefois, la nécessité de nettoyer les Bouches de l’Escaut pouvait être anticipée et cet impératif intégré dans les plans d’opération alliés actualisés entre le 25 et le 27 août. Un scénario contrefactuel aurait pu être le suivant :
Eisenhower faisant du dégagement d’Anvers une condition sine qua non de la priorité demandée pour une offensive vers le nord, et la Ruhr, Montgomery doit proposer un plan intégrant cette priorité visant à l’enveloppement de la Ruhr, par la 2e Armée britannique, au nord, et par la 1èreArmée américaine, au sud. Pour limiter le poids de cette contrainte pesant sur la 2e Armée anglaise, ce plan est conçu comme une opération interalliée, dénommé opération Farther. Les rôles sont ainsi répartis :
-La 1ère Armée canadienne, après la prise de Dieppe et du Havre, auxquelles ne doivent être consacrés que des moyens limités, doit progresser d’Abbeville vers Ypres, puis Bruges et Gand, pour atteindre Breskens. Elle devra masquer les ports de la Manche tenus par la 15e Armée allemande, pour couvrir son flanc gauche. Finalement, elle sera chargée du nettoyage de la rive sud de l’Escaut, jusqu’à Anvers, où elle relèvera la 2e Armée britannique le moment venu.
-La 2e Armée britannique se portera d’Amiens vers Lille et Tournai, puis Bruxelles, Gand (si elle n’y est pas précédée par les Canadiens) et Anvers et le Canal Albert d’Anvers à Hasselt. Le XXXe Corps, ayant fait sa jonction avec la 1ère Armée aéroportée, devrait s’emparer de Beveland et de Walcheren, d’une part, et d’autre part progresser au sud de la Meuse, de Breda à Bois-le-Duc. Son XIIe Corps, devra traverser le canal Albert à l’est d’Anvers, et repousser les Allemands jusqu’au canal Meuse-Escaut.
-La 1ère Armée américaine doit couvrir le flanc droit de l’offensive alliée, par Namur et Liège, jusqu’à Maastricht.
-Enfin, volet le plus discuté du plan, la 1ère armée aéroportée doit intervenir pour faciliter la conquête d’Anvers, de Walcheren et le franchissement du canal Albert.
La contribution de l’armée aéroportée, opération Blanket, succède à Linnett en intégrant l’objectif d’Infatuate. C’est au départ une opération ambitieuse, déployant les trois divisions et la brigade parachutiste disponible: Polonais sur Walcheren, 1ère DP britannique au Nord d’Anvers, 82e DP US dans la région d’Hasselt et 101e dans la Région de Maastricht. Soumise à de nombreuses critiques, l’opération va rapidement se dégonfler. Les généraux Williams et Brereton font reconnaitre l’impossibilité d’une opération aéroportée sur Walcheren : largement constitué de polders, le terrain est impropre à l’atterrissage de planeurs et peu propice au largage de parachutistes. Après un vif débat, on retient pourtant un largage ciblé sur Kapelle, au centre de Beveland Sud, pour s’emparer de passages, pont ou écluse, qui partage l’ile en son milieu. S’agissant d’une opération limitée, il sera possible d’y affecter les groupes de transport et de remorquage les plus entrainés pour un largage de précision. La brigade polonaise sera finalement larguée au sud-ouest de Woensdrecht, pour éviter la flak du terrain de la Luftwaffe au nord-est de la ville. Larguée au nord-est d’Anvers, la 1ère DP britannique devra agir rapidement, en liaison avec la résistance locale pour sécuriser les ponts et les infrastructures portuaires. Elle sera également en mesure de bloquer les éventuels renforts que Model pourrait envoyer pour la défense de ce point-clé.
Le projet de largage sur Maastricht sera abandonné, Bradley et Hodges n’en étant pas demandeurs, laissant ainsi la 101e DP en réserve. Le largage de la 82e près d’Herrentals, sera confirmé, pour ouvrir la voie à la DB de la Garde à la fois sur le Canal Albert et le Canal Meuse-Escaut.
Même dans cette version réduite, l’opération Blanket est sur le point d’être annulée, la rapidité de la progression du XXXe Corps faisant douter de son utilité. Son maintien devait s’avérer utile. Les largages sont effectués le matin du 4 septembre, alors même que les chars de la 11e DB abordent les faubourgs sud d’Anvers. La liaison organisée entre blindés et parachutistes évite une pagaie excessive. Surtout, déchargée par la Brigade parachutiste du contrôle de la ville, la Brigade blindée peut progresser sans marquer d’arrêt, effectuant sa jonction avec les Polonais dans la soirée, et avec le détachement largué sur Kapelle le 5 dans la matinée. Franchissant le pont sécurisé par les parachutistes, un groupement mixte peut s’assurer de la ville de Goes. Toutefois, une tentative pour franchir l’étroite voie d’accès à Walcheren échoue, mettant fin à l’espoir de pénétrer facilement dans ce noyau du dispositif allemand. Toutefois, premier objectif de l’opération, l’isthme de Beveland sud est dès lors fermé aux mouvements de la XVe Armée.
Conformément au planning de l’opération Farther-Blanket, une escadre de la Royal Navy, menée par le valeureux Warspite, prend sous le tir de ses pièces lourdes les positions allemandes de l’ile, à commencer par les batteries d’artillerie et les blockhaus de la région de West Kapelle, qui interdisent l’approche de l’estuaire.
Une opération spécifique, imposant la mobilisation de moyens amphibie, retarde de deux semaines la libération de Walcheren, qui n’est terminée que le 22 septembre.
Entre-temps, l’Armée canadienne, débouchant de Gand à partir du 8 septembre, concentre ses moyens pour le nettoyage de la rive sud, avec en particulier la poche de Breskens, qui s’achève le 20. Débutées avec des moyens importants dès que l’artillerie allemande peut être neutralisée, les opérations de déminage s’achèvent à temps pour permettent l’accès de premiers Liberty Ships au port d’Anvers dès le 8 octobre.
Pendant que se déroulent les opérations de déblocage de l’estuaire, la 2e Armée progressait au-delà du Canal Albert, en se heurtant à une résistance de plus en plus vigoureuse. A gauche, le XXXe Corps, s’étant emparé de Breda et Tilburg, était contenu dans une tête de pont sur le Canal Whilhelmine, devant suspendre sa marche vers Bois-Le-Duc. Il infléchit ensuite son mouvement vers l’est, pour aider à la progression du XIIe Corps vers Eindhoven.
Ainsi, le 20 septembre, la 2e Armée se trouvait, de Tilburg, Eindhoven à la Meuse, au sud de Roermond, faire face à une ligne défensive allemande reconstituée.
Patton sur le Rhin ?
La portée des résultats obtenus par les armées canadiennes et britanniques dépendait largement des positions atteintes par les Américains, à leur droite. Dans un scénario contrefactuel restant proche des développements historiques, le volet américain de l’Opération Farther verrait la poussée de la 1ère Armée de Hodges stimulée, en particulier sur son flanc gauche, couvrant la progression anglaise vers Roermond. Toutefois, les fondamentaux tenant aux contraintes logistiques et au style de commandement de Hodges n’autorisaient pas des résultats très supérieurs à ceux effectivement réalisés. P. Beale suggère un scénario plus radical, où la contribution américaine à la poussée principale alliée vers le nord serait confiée à la 3e Armée de Patton.
On peut penser que dans ce scénario la capacité de la 3e Armée à exploiter la faiblesse temporaire de la défense allemande lui aurait permis de progresser au même rythme que les Britanniques, débouchant de Maastricht vers le 8 septembre, pour engager la manœuvre devant lui assurer la conquête d’Aix-la –Chapelle. Dans la dynamique interalliée, il aurait été important que la 3e Armée envoie au moins une division en direction de Roermond, par la rive droite de la Meuse.
Peu vraisemblable dans les circonstances historiques, la permutation des 1e et 3e Armées américaines résulte par contre logiquement du scénario contrefactuel de l’Opération Harvest[61], dans lequel Patton exploite la tête de pont de Mantes pour envelopper les armées allemandes sur la rive droite de la Seine, et se trouve en situation d’exploiter cette position pour une offensive par la vallée de l’Oise, sur la Meuse, de Liège à Maastricht et au delà. Certes, ce scénario n’allège que faiblement la contrainte logistique, en raccourcissant les itinéraires de la progression américaine. Il introduit par contre une différence fondamentale en privant Model d’environ 150 000 hommes et 15 000 véhicules, sans lesquels le redressement d’une barrière défensive au-delà du Rhin n’était pas envisageable. Dès lors, il devient possible d’imaginer Patton sur le Rhin en septembre, voire y occuper une tête de pont.
Ainsi, nous semble-t-il, la pertinence de scénarios contrefactuels à explorer les voies non empruntées pour une victoire plus rapide à l’ouest doit plus s’apprécier à leur capacité à assurer un affaiblissement décisif des armées allemandes qu’à la conquête de nouveaux espaces sans autre effet que de repousser le moment et le lieu où devraient être affrontées et vaincues les forces reconstituées du Reich hitlérien.
Notes et références
[1] Une autre version, aussi contestée, attribue à Browning la paternité de la remarque. Cf. Beevor, Arnhem, la dernière victoire allemande, p. 51.
[2] P. Beale, The Great Mistake, The Batttle for Antwerp and the Beveland Peninsula, september 1944.
[3] Blumenson, La libération, p.903.
[4] Blumenson, Op ; cité, pp. 942-943, Aubin, op.cité, pp. 252-253.
[5] Blumenson, op. cité, p. 922.
[6] Blumenson, op. cité, p. 820.
[7] A. Horne, op. cité, p. 276.
[8] Montgomery, De la Normandie à la Baltique, pp.168-170.
[9] Blumenson, 960 ?
[10] Beevor, Arnhem, p.28.
[11] Cité par J. Williams, Long Left Flank : The Hard Fought to the Reich 1944-1945, p. 40.
[12] Ludewig, op. cité, p. 206.
[13] Aubin, p.248.
[14] Aubin, op. cité, p. 223.
[15] Cité par Beale, p. 10.
[16] Beale, p. 93.
[17] Ibid. ,p.66.
[18] Beale, op. cité, p. 171
[19] Beale, p. 172.
[20] Mac Donald, p. 219.
[21] Le travail de référence sur ce point est la thèse de R. Cirillo, The Market Garden Campaign, Allied Operational Command in Northwest Europe, 1944, Cranfield University, 2001,
[22] J. Gwinn, Scratched : World War II Airborne Operations that Never Happened, pp. 45-46. Varsity est le nom de code de l’opération de franchissement du Rhin, à Wesel.
[23] Cirillo, op. cité, pp.195-196 ; Gwinn, op. cité, pp. 1 et 38.
[24] Blumenson, Breakout and Pursuit, p583.
[25] Gwinn, op. cité, p.25.
[26] Weigley, Eisenhower’s Lieutenants, p. 275
[27] Cirillo, op. cité, p. ; Gwinn, op. cité, p. 15.
[28] Cité par Beevor, op. cité, p. 44.
[29] A. Beevor, Arnhem, la dernière victoire allemande, p. 21.
[30] Cirillo, p.348.
[31] Cité par Beale, op. cité, p. 105.
[32] Lettre de Brereton à Montgomery le 9 septembre, citée par Beevor, op. cité, p. 46.
[33] Gwinn, pp.18 et 388-388.
[34] S. Ritchie, Arnhem, Myth and Reality, Airborne Warfare, Air Power and the Failure of Operation Maket Garden, p. 98
[35] Mac Donald, The Siegfrid Line Campaign, p.218.
[36] Gwinn, p. 19.
[37] Beevor, op. cité, p. 57.
[38] Cf. l’ouvrage de S. Ritchie précité, qui consacre de longs développements à ce défaut de coordination, en dénonçant l’historiographie complaisante qui a masqué la responsabilité de Montgomery.
[39] Mac Donald, op. cité,p. 219.
[40] Beale, p. 165.
[41] H. Saunders, Royal Air Force 1939-1945, vol. 3, The Fight is Won,p.195.
[42]Un reportage saisissant sur cette opération est accessible à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=Ro6O6v8XHno
[43] Beale, pp. 157-158.
[44] Beale, p.172.
[45] R. Ruppenthal, Logistical Support of the Armies, vol. II, September 1944-May 1945, p. 49.
[46] R. Ruppenthal, Logistical Support of the Armies, vol. I : May 1941-September 1944, p.544.
[47] Blumenson, p. 893-896
[48] A. Horne, op. cité, p. 277.
[49] J. Ludewig, Rückzug, The German Retreat from France, 1944, pp. 160, 233.
[50] S. Ambrose, Eisenhower, p.280
[51] Mac Donald,The Siegfrid Line Campaign, p. 209.
[52] Ibid. , p.210.
[53] Beevor, op. cité,p. 58.
[54] Cité par Beale, p. 105.
[55] Cité par Beale, p.159.
[56] Ibid. , pp.205-206.
[57] Mac Donald, op. cité, p. 215
[58] Stephen Ambrose, op. cité, p. 204
[59] Williams, Long Left Flank, p. 37, qui ne précise toutefois pas la date de cette proposition de Simonds.
[60] Op.cité, p.285.
[61] Cf. notre article : Août 1944, un Dunkerque sur la Seine, sur SAM40.fr.
Concernant la noria de camions assurant la logistique depuis la Normandie, j’ai lu que leur consommation d’essence était équivalente aux quantités amenées au front.
Pour le dire plus simplement, sur 10l de carburant arrivés sur le continent, 5l étaient consommés pour les amener aux utilisateurs sur le front.
A défaut d’un pourcentage portant sur la consommation globale, le Red Ball Express à lui seul consommait 200 000 gallons par jour, cela ne représenterait que 15 à 20% des volumes débarqués.
Fait moins connu, les Américains vont reconnaître que leur parc de camions est mal composé, presque exclusivement de véhicules moyens à usage tactique, le War department ayant refusé l’évaluation des besoins faite par le Transportation corps. On cherchera trop tard à produire et envoyer plus de semi-remorques.
Ajoutons que la moitié des 22 000 000 de jerrycans s’étaient évaporés, si l’on ose dire !