Dans ses réflexions annexées à l’ouvrage de Paul Martin, « Invisibles vainqueurs », Yves Michelet, représentant le plus représentatif d’une histoire apologétique de la campagne de France, met en avant la supériorité que le canon Hispano de 20 mm aurait apportée à l’aviation française tant à l’égard des canons Oerlikon armant les avions allemands que des 8 mitrailleuses légères des chasseurs anglais[1]. Pourtant, les déficiences dans l’armement des avions figurent en bonne place parmi les doléances des équipages, comme dans une analyse objective des facteurs ayant affecté l’efficacité de l’Armée de l’Air.
Ces déficiences apparaitront progressivement, en fonction des circonstances: blocage par le gel à haute altitude, retards excessifs dans le fonctionnement des commandes pneumatiques, manque de pouvoir destructeur des projectiles de mitrailleuses légères et dotation en munitions insuffisantes pour les canons de 20 mm. Souvent partagées par d’autres aviations belligérantes, ces déficiences, allons-nous voir, avaient été pour la plupart identifiées avant-guerre et des solutions avaient été proposées pour y remédier. Étudiées trop tard, développées trop lentement du fait de l’inertie de certains acteurs et du manque de moyens, elles ne pourront bénéficier à l’Armé de l’Air dans les combats de la Campagne de France.