Avec le canon Hispano-Suiza 404, l’Armée de l’Air disposait, avons-nous vu, de l’arme d’aviation la plus puissante de l’époque, dont l’efficacité se trouvait toutefois hypothéquée par des difficultés de fonctionnement et un système défectueux d’alimentation. Dès le 3 février 1940, le général Têtu pourra ainsi constater que « le canon ne parait pas avoir donné les résultats attendus »[1]. Au-delà de ce constat, on peut s’interroger sur la possibilité de caractériser plus précisément la puissance et l’efficacité de l’armement des chasseurs français, par rapport à celui de leurs adversaires ou alliés. Munis des outils de mesure proposés dans la littérature, nous pourrons évoquer le débat sur les possibilités, non exploitées, de compléter nos armements aériens par des mitrailleuses lourdes, dont l’expérience américaine allait montrer l’efficacité. A côté du choix des armements, l’adoption de dispositifs de protection, blindages et parebrises à l’épreuve des balles, conditionnait également la capacité des appareils français à livrer combat avec succès.
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Forces et faiblesses des armements aériens : mitrailleuses légères et canons de 20 mm
Dans ses réflexions annexées à l’ouvrage de Paul Martin, « Invisibles vainqueurs », Yves Michelet, représentant le plus représentatif d’une histoire apologétique de la campagne de France, met en avant la supériorité que le canon Hispano de 20 mm aurait apportée à l’aviation française tant à l’égard des canons Oerlikon armant les avions allemands que des 8 mitrailleuses légères des chasseurs anglais[1]. Pourtant, les déficiences dans l’armement des avions figurent en bonne place parmi les doléances des équipages, comme dans une analyse objective des facteurs ayant affecté l’efficacité de l’Armée de l’Air.
Ces déficiences apparaitront progressivement, en fonction des circonstances: blocage par le gel à haute altitude, retards excessifs dans le fonctionnement des commandes pneumatiques, manque de pouvoir destructeur des projectiles de mitrailleuses légères et dotation en munitions insuffisantes pour les canons de 20 mm. Souvent partagées par d’autres aviations belligérantes, ces déficiences, allons-nous voir, avaient été pour la plupart identifiées avant-guerre et des solutions avaient été proposées pour y remédier. Étudiées trop tard, développées trop lentement du fait de l’inertie de certains acteurs et du manque de moyens, elles ne pourront bénéficier à l’Armé de l’Air dans les combats de la Campagne de France.