SAM40.fr : déjà un an de « faits peu connus »

« Documentation, Réflexions, Uchronies : tel est le triptyque qui caractérisera ce blog », écrivions-nous fin novembre 2018. Un an et 32 articles plus tard, nous n’entreprendrons pas d’évaluer dans quelle mesure SAM40.fr a réalisé ce programme. Pour revisiter une année de publication, nous prendrons plutôt comme fil directeur cette expression qui revient souvent sur notre clavier : « fait peu connu ».

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Après Versailles : Seeckt et De Gaulle, vers l’Armée de métier

En imposant à l’Allemagne une armée limitée à 100 000 hommes, le Traité de Versailles est parfois considéré comme ayant imposé une contrainte rigoureuse. Et si, au contraire, cette contrainte avait constitué la chance de bâtir une armée d’élite, à laquelle aspirait le général von Seeckt trois mois avant la notification des conditions alliées lui avait offert l’occasion de disposer de cette armée de métier dont le lieutenant-colonel De Gaulle voudra voir la France se doter ?

Qui sait d’ailleurs aujourd’hui que le format d’une armée professionnelle de  100 000 hommes imposée par le Traité de  Versailles procédait d’une volonté anglaise contre l’avis de Foch, prêt à concéder une armée de 200 000 hommes, pourvu qu’elle fût entièrement de conscription à service court?

Ce sont ces aspects aussi paradoxaux que méconnus des débats sur l’organisation militaires dans l’entre-guerres que nous proposons ici de revisiter. Continuer la lecture

Le fusil Lebel : départ précipité, relève tardive

Meilleur fusil du monde lors de son adoption, en 1887, le fusil Lebel pouvait être considéré comme dépassé cinq ans plus tard. Parti le premier dans la course aux fusils modernes de calibre réduit, utilisant la poudre sans fumée, adopté précipitamment, il conservait des dispositions qui allaient rapidement s’avérer anachroniques.

Tout a été dit, ou presque, sur l’histoire de cette arme mythique, peut-être la plus connue de celles qui ont équipé un jour les armées françaises. Revisiter l’histoire du fusil Lebel, c’est le confronter  non pas à de simples rivaux, mais bien à des familles d’armes proposées par l’adversaire d’outre-Rhin, Mauser, comme par le système Berthier, concurrent tardif et successeur national. Nous verrons alors les difficultés françaises à prendre en compte les limites du Lebel et donc à utiliser   à temps et au mieux les possibilités de relève offertes par les armes Berthier.

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De la détection électromagnétique au «Guet de l’Air» (Septembre 1939-juin 1940)

Avec quelques matériels français dépassés, et des stations britanniques en commande, mais non livrées, les armées françaises se trouvèrent fort dépourvues en moyens de détection électromagnétique quand la guerre fut venue, en septembre 1939. Pendant les mois de ‘Drôle de Guerre’, on s’efforça de constituer un réseau de « Guet de l’Air », en collaboration avec la RAF. Reposant sur l’emploi d’équipements anglais, ce programme laissait de côté le développement remarquable, mais trop tardif, de radars français modernes. C’est l’histoire peu connue de ce double effort que nous nous proposons de retracer. Continuer la lecture

Avril 1939 : la Détection Électromagnétique à l’heure anglaise

Qui se souvient aujourd’hui que la première commande massive d’équipements radar pour les armées françaises a été passée le 26 avril 1939 ? Décidée en quinze jours, cette commande de matériels anglais actait l’échec -et l’abandon- de la filière française de détection électromagnétique par le procédé David.

Cette décision, exceptionnelle par sa rapidité et les conditions dans laquelle elle intervient, illustre aussi les problèmes d’arbitrage entre l’achat de matériels nationaux et le recours à des  équipements étrangers, plus rapidement disponibles, un dilemme auquel les armées françaises seront régulièrement confrontées.

Le tournant des radars à impulsion

Les chercheurs travaillant sur les dispositifs de détection électromagnétique avaient pris conscience des avantages d’un système procédant par l’émission de brèves impulsions, plutôt que d’un signal continu comme les premiers modèles de détecteurs bistatiques, tels que ceux développés en France par Pierre David, dont nous avons retracé l’histoire dans un article précédent[1].

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Le diesel V2 du char T34 : enquête sur les origines d’un moteur mythique

On peut certes discuter l’affirmation selon laquelle le T34 soviétique a été le meilleur char de la Seconde guerre mondiale. Nul ne peut contester en revanche qu’il a constitué un formidable engin au service des offensives successives qui ont amené  l’Armée Rouge jusqu’à Berlin. Au nombre des atouts duT34, figurait son puissant moteur diesel V2. L’origine de ce moteur est restée quelque peu mystérieuse. Longtemps, l’idée a circulé qu’il était un dérivé, dieselisé, du moteur d’avion français Hispano-Suiza 12Y, avant qu’on ne lui attribue une ascendance italienne, comme copie d’un moteur Fiat.

Éveillée par ce débat, notre curiosité s’est vite muée en une enquête aux rebondissements successifs. Alors que le sujet ne paraissait pas comporter d’enjeu historique significatif, il a débouché sur une étude de cas exemplaire des processus de transfert de technologie militaire et leurs retombées inattendues. Continuer la lecture

Le char FCM 36, un engin splendide ?

Si le char Somua reste l’exemple d’un matériel français performant dans les épreuves de mai-juin 1940, le FCM36, plus modeste par les capacités comme par le nombre, apparait pour sa  part comme le meilleur des chars légers, « un engin splendide » iront jusqu’à écrire des officiers qui l’avaient mené au combat. Étrange paradoxe, au vu des épreuves traversées et des pertes éprouvées par les deux bataillons équipés de ce matériel. Continuer la lecture

L’inventeur du char d’assaut : un lieutenant autrichien

A l’origine du char d’assaut, on évoque souvent de brillantes œuvres d’anticipation, comme la redoute sur roue de  Léonard de Vinci ou les Ironclads de H.G. Wells. Le temps des inventeurs peut être fixé à  1903, quand le capitaine Levavasseur présente au ministre de la guerre un projet de canon de 75 sur affût automoteur [1]. Toutefois, l’engin de Levavasseur préfigurait plus un canon d’assaut qu’un véritable char, avec son armement en tourelle et ses possibilités tactiques. Continuer la lecture

La Division Doumenc (1928), précurseur de la coopération organique interarmes.

Parmi les auteurs français qui ont, avant-guerre, pensé le rôle d’une force blindée dans un conflit à venir, le commandant De Gaulle et le général Estienne tiennent une place dominante, le nom de Doumenc étant plus rarement évoqué. On le trouve cependant cité, avec celui du général Héring, comme promoteur du combat interarmes. Continuer la lecture