Une guerre des boutons avant la vraie guerre: la saga de l’aviation d’artillerie avant 1940-2ème épisode: l’Armée de l’Air résiste

A l’automne 1938, les armées de terre et de l’air s’opposent au sujet de la création d’une aviation d’artillerie, préfiguration de ce qui deviendra après-guerre l’ALAT -Aviation Légère de l’Armée de Terre. Faute d’aboutir, ce débat laissera l’artillerie française de 1940 démunie de moyens d’observation, manque que s’efforceront de palier des GAO -Groupes Aériens d’Observation- mal équipés pour cette mission dans des circonstances particulièrement difficiles.

Ayant présenté l’origine du débat dans un article précédent[1], nous proposons de revisiter l’histoire de cette rivalité dans ses différentes dimensions institutionnelles, techniques et tactiques, en dégageant le rôle des acteurs mais aussi ses interférences avec le développement des matériels, avions et autogires, dédiés aux missions d’observation au profit des armées terrestres. Continuer la lecture

Une guerre des boutons avant la vraie guerre: la saga de l’aviation d’artillerie avant 1940-1er épisode, à l’origine d’une revendication

De tous les griefs adressés par l’Armée de Terre à l’Armée de l’Air au terme de l’étrange défaite, le plus sévère concerne le refus persistant opposé à la création d’une aviation d’Artillerie autonome : « Les dirigeants du Ministère de l’Air prétendent qu’il nous aurait été impossible d’employer [de petits avions d’observation pour des réglages d’artillerie]. Les Allemands ont fait la preuve qu’on pouvait les employer à condition d’avoir la maitrise de l’air. La seule conclusion qu’on puisse tirer de la bataille de Mai-Juin 1940 c’est que depuis 1918 la situation avait été renversée au profit de l’Allemagne et cela grâce à l’impéritie du Ministère de l’Air »[1]: ces propos tenus par Abel Verdurand, cadre d’Air France et colonel de réserve dans l’Armée de l’Air, entendu lors de l’instruction du Procès de Riom, en janvier 1941, constituent  l’expression d’un ressentiment profond, largement partagé parmi les responsables de l’artillerie française.

L’organisation de l’aviation d’observation au profit des forces terrestres, en particulier pour les missions d’artillerie avait en effet fait l’objet d’un affrontement, véritable guerre des boutons, entre l’état-major de l’Armée et l’Armée de l’Air. Usant d’arguments de valeur inégale, mais surtout d’inertie, l’Armée de l’Air devait gagner ce combat fratricide, dont l’adversaire de 1940  s’est trouvé finalement le principal bénéficiaire.

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