« Pour les Alliés, si la bataille de la ‘poche de Falaise’ a été un semi-échec, le franchissement de la Seine par l’ennemi en fuite apparaît cette fois comme un échec total » pourra écrire Jean Quellien[1]. Les Allemands en effet sont parvenus à évacuer 240 000 hommes et près de 30 000 véhicules, au grand étonnement des Alliés qui avaient détruit tous les ponts. Par son ampleur, sinon bien sûr par la largeur de la coupure à traverser, cette évacuation réussie en rappelle une autre, survenue quatre ans plus tôt. La retraite allemande sur la Seine partage le statut ambigu de l’évacuation de Dunkerque. Actant une grande défaite, les deux opérations sauvegardent des moyens pour continuer la lutte -long chemin vers la victoire, pour Dunkerque, prolongation de combats acharnés en vue de retarder une défaite inéluctable, pour le passage de la Seine.
Moins connue que les controverses sur la fermeture incomplète de la poche de Falaise, à l’origine d’un Stalingrad manqué en Normandie, cette histoire d’un Dunkerque sur la Seine mérite pourtant d’être revisitée.